Parce que les téléphones mobiles sont, pour la plupart, lors de leur utilisation, placés contre l’oreille, le bon sens amène à penser que l’oreille pourrait être le premier organe affecté par d’éventuels effets délétères des radiofréquences, d’autant plus que l’on sait que, dans certaines circonstances, des courants électriques et des ondes électromagnétiques externes peuvent engendrer des sensations sonores.
L’oreille interne contrôle l’audition (cochlée) et participe aux fonctions d’équilibration (vestibule) grâce à l’intervention de cellules sensorielles ciliées qui transforment la stimulation mécanique de leurs cils en des impulsions nerveuses sur les fibres des nerfs (auditif, vestibulaire) auxquelles elles sont connectées.
Ces cellules sont très peu nombreuses (quelques milliers) par opposition aux cellules dans le système nerveux central et périphérique (par exemple plusieurs millions dans la rétine). Elles baignent dans des liquides fortement polarisés électriquement. Elles sont le siège de phénomènes bio-électro-mécaniques très complexes, à l’échelle du nanomètre.
Elles sont sensibles à diverses agressions (acoustiques, chimiques).
Lorsque plusieurs agents agressent l’oreille simultanément les effets sur l’oreille peuvent être très amplifiés.
Enfin une fois détruites, elles ne régénèrent pas.
Avec les téléphones mobiles, l’oreille se trouve directement exposée:
– aux sons du téléphone
– aux radiofréquences
S’il est bien établi que le niveau des sons du téléphone est bien en dessous des niveaux dangereux pour l’oreille, qu’en est-il en ce qui concerne l’exposition aux radiofréquences ? Pourraient-elles induire des effets sur les cellules ciliées pouvant altérer leur fonctionnement, voire modifier leur sensibilité à d’autres agents pathogènes (par exemple le bruit, certains agents chimiques) ?
Une première observation souvent rapportée est celle d’un échauffement au niveau du pavillon de l’oreille lors d’une utilisation prolongée du téléphone. L’effet thermique propre des radiofréquences mises en jeu dans les tissus du pavillon de l’oreille est négligeable par rapport à l’échauffement de l’électronique du téléphone (batterie, circuits) et au confinement créé par le téléphone tenu dans la main, contre l’oreille, limitant le refroidissement de l’ensemble.
En ce qui concerne des effets potentiels sur le fonctionnement de l’oreille interne, de nombreuses études ont été réalisées à ce jour (programme français COMOBIO, programme Européen GUARD, utilisant les fréquences GSM 900 et 1800 MHz. Elles n’ont pas montré d’effet significatif sur l’audition ou l’équilibre de l’exposition de l’oreille aux radiofréquences des téléphones mobiles.
Les études humaines ont porté sur les effets de l’exposition aux radiofréquences des téléphones mobiles sur :
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- les seuils d’audition,
- les potentiels évoqués auditifs (qui représentent l’activité du système nerveux central auditif),
- les oto-émissions acoustiques (qui reflètent l’activité des cellules sensorielles les plus sensibles de l’oreille),
- enfin le contrôle par le système nerveux central auditif du fonctionnement de ces cellules.
Les études chez l’animal (cobaye, rat) ont de la même façon examiné les effets de ces ondes, appliquées à travers des antennes induisant dans les tissus de l’oreille interne de l’animal des niveaux identiques à ceux mesurés chez l’homme, lors d’expositions aigues ou semi-chroniques (jusqu’à quelques mois à raison de 2 heures par jour, 5 jours par semaine, à des niveaux de DAS jusqu’à 4 W/kg) sur les mêmes paramètres physiologiques. Ces études ont été en outre complétées par l’analyse morphologique de l’oreille interne et notamment des cellules sensorielles.
De plus des études in vitro ont été réalisées : elles consistaient à exposer des organes d’animaux nouveau nés, placés en culture, et à observer les effets de l’exposition aux radiofréquences sur leur développement in vitro.
Dans l’ensemble de ces études, les résultats étaient comparés, en aveugle, à ceux obtenus sur des groupes témoins, pseudo-exposés (placebos).
Ces études spécifiques sur les effets potentiels des radio-fréquences sur l’oreille sont actuellement continuées dans le cadre du programme Européen EMFnEAR, cette fois en étudiant les ondes au standard UMTS.